vendredi 27 février 2015

Compte-rendu du 23/02/15 et débat avec les bacs pro



9h : les fourmis au travail

     Quelques-uns d’entre nous se rejoignent en salle informatique. Nous sommes une dizaine, pleinement plongés dans le projet. Je m’occupe de peaufiner mon article, j’ai du mal à décoller les yeux de mon écran. Agathe, casque sur les oreilles, écoute les interviews et note frénétiquement tout ce qui lui semble devoir être retranscrit. Mathilde griffonne une main qui brandi un crayon : peut-être le futur logo du projet. Emma vient de finir de rédiger le mail que nous voulons envoyer à l’équipe éducative. Avec de grands gestes, elle missionne Sara et Coline.
     C’est cette scène que je découvre quand Simon me glisse : Hé Sandra, regarde, on dirait une salle de rédaction. On se regarde avec des étoiles dans les yeux. Bien sûr qu’on arrivera à être journalistes.

10h : mise en commun avec toute la classe

On se retrouve pour la mise à jour hebdomadaire. On raye les tâches accomplies et on en ajoute de nouvelles.
Fait :
-          Interviews
-          Trouver les images pour la fresque
-          Trouver support fresque
-          Publication de plusieurs articles sur le blog
-          Mise en page blog
A faire :
-          Couper les vidéos
-          Remplir les lettres de la fresque
-          Dessiner lettres
-          Faire une sorte de diaporama qui défile pour le blog
-          Faire connaître le projet
-          Organiser une nouvelle rencontre bac pro
-          Logo

11h : rencontre avec une classe de bac pro

Après l’attentat à Charlie Hebdo, les avis les plus divisés se concentraient dans les classes des pros. Notre professeure principale nous a donc proposé une rencontre.

Ils sont donc entrés dans la classe, timides. Malheureusement, nous n’avons pu rencontrer qu’une dizaine d’élèves, un demi-groupe avec beaucoup d’absents. Nous leur avons donc présenté notre projet, puis lancé le débat.

Quand on leur demande ce qu’ils pensent de tous ces événements, ils haussent les épaules, impuissants. L’un d’entre eux admet « Certains trouvaient ça normal ». Je vois des yeux ronds, des bouches bées, des visages effarés. Normal ?! Oui, des élèves de leur classe (qui ne sont pas présent à ce moment-là) partagent complètement les idées des terroristes. Nous devons absolument avoir une discussion avec ces élèves-là, pour les comprendre et aussi pour leur faire réaliser leurs paroles. Si le débat semble timide au début, tout le monde devient plus à l’aise peu à peu. Brice nous explique qu’à vif, certains ont eu des réactions très violentes.

Les élèves poursuivent : « Beaucoup pensent aussi que c’est un complot ». A cause des images, à cause des théories qui sortent rapidement sur YouTube. On cherche toujours quelqu’un d’autre à accuser. « Les médias tournent les phrases de manière à nous manipuler ». C’est justement à ça qu’il faut faire attention. C’est en reniant tous les médias que l’on tombe dans la théorie du complot. Les médias nous apportent des informations, voilà en quoi ils sont essentiels.  C’est à chacun de nous de lire entre les lignes, de réfléchir, plutôt que de s’arrêter sur les gros titres à scandale.

Vient ensuite la question des amalgames. Le professeur pousse un jeune d’origine arabe à parler. Il confie : « Je me suis senti pointé du doigt, regardé différemment. Mes sœurs se sont fait insulter. Au lendemain, je me suis senti exclu, et j’avais comme un besoin de me justifier. » Nous sommes tous scandalisés. Comment cela peut-il être possible ? Une fille glisse « J’aimerais dire des choses, mais qui nous écouterait? ». Nous ! on crie. Ces amalgames ridicules doivent cesser, et nous le voulons de tout notre cœur. Et si la Terre entière ne nous écoute pas, ce n’est pas grave. L’important, c’est de faire changer les choses à notre échelle. Si chacun de nous arrive à convaincre deux autres personnes, ce serait incroyable. Et si ces deux autres-là faisaient la même chose, et ainsi de suite ?

Plusieurs d’entre eux se mettent d’accord. Ils n’aiment pas qu’on critique les religions, quelles qu’elles soient. L’un d’entre eux pense qu’il faudrait rétablir le blasphème. Nous nous opposons. La liberté d’expression est un droit en France ; et la loi passe avant la religion. J’ai entendu un imam à la télévision qui disait que c’étaient aux musulmans de s’adapter au pays dans lequel ils s’installent, et non pas au pays de s’adapter aux musulmans.
Une autre question fuse « Et pourquoi ne pas se moquer de la religion ? Pourquoi la religion serait-elle au-dessus de tout ? » On se moque bien de choses qui, aux yeux des athées, valent bien plus qu’un dieu. On se moque bien du Président, qui représente la République et toutes ses valeurs. Et si moi, je ne vivais que par la République, comme d’autres par Dieu ? Devrais-je alors interdire aux caricaturistes de pointer du doigt le ventre grassouillet de notre Président ? Je ne pense pas. Je pense que nous devons rire de tout. Et les religions ne se placent pas au-dessus des autres croyances.


Le débat a été très intéressant, nous aurions tous aimé qu’il s’étende plus longtemps (mais les ventres gargouillent). Nous prendrons donc l’initiative d’en organiser un autre, avec cette fois-ci tous les élèves, pour toujours plus confronter nos idées, développer notre esprit critique… et notre liberté. 

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